Notre avis : La magie de cet album tient d’abord à la beauté de ses planches aquarellées. Les tonalités chaudes et froides d’ocre, de marron, de bleu, de vert profond, qui jouent avec la luminosité et les clairs-obscurs (p.140-141 !) nous immergent dans un univers médiéval et magique qui tend irrésistiblement vers le conte.
Ensuite, il y a cette histoire profondément humaniste. Nous suivons un jeune homme, Aldobrando, belle âme innocente lancée dans une quête qui se mue en récit initiatique bouleversant.
Chacun des personnages possède d’ailleurs une individualité marquée qui permet une grande lisibilité et un attachement certain au récit. Aldobrando d’abord, jeune homme imberbe et malingre qui a tout de l’enfant effarouché lancé malgré lui à la découverte du vaste monde, va au fil du récit se révéler d’une sagesse et d’un courage fous.
Il y a aussi son père (son contraire) sombre et mystérieux à la présence magnétique et anguleuse qui ouvre l’album de manière spectaculaire ; le sorcier, véritable Gandalf sorti tout droit du Seigneur des anneaux ; Gueulevice, l’effroyable conseiller du roi aussi glacial, antipathique et rigide que son apparence physique ; le roi, petit être obèse aux traits porcins, ridicule et répugnant ; le colosse qui se révèle avoir un coeur aussi gros et grand que peut l’être son corps ; la reine, créature diaphane à la beauté virginale…
Cette somptueuse bande dessinée de 200 pages est un bijou visuel que l’on ne se lasse pas d’admirer. Splendide en tout point.