C'est l'une des pages les plus fameuses de Schubert, Nacht une Träume (Nuit et Rêves), qui donne son nom au nouvel album de Laurence Equilbey. À la tête de l'Insula Orchestra, elle interprète avec une grande sensibilité des orchestrations des plus beaux lieder du compositeur viennois : l'occasion d'entendre sous les voix de la grande mezzo Wiebke Lehmkuhl, du brillant ténor Stanislas de Barbeyrac ou de l'excellent chour Accentus trois siècles d'arrangements. Aussi bien Brahms, Liszt et Berlioz que Webern, Britten ou encore notre [...] contemporain Franck Krawczyk se sont confrontés au maître du lied. Ils ont cherché tantôt à décupler la potentialité théâtrale des ouvres (Erlkönig par Berlioz), tantôt à en condenser l'expression (Du bist die Ruh par Webern). Le travail d'orchestrateur de Schubert lui-même est également représenté puisque deux extraits de sa célèbre musique de scène Rosamunde figurent dans ce merveilleux disque.
Après ses précédents enregistrements consacrés à Schubert salués dans le monde entier, un essai publié chez Actes Sud ainsi qu'un coffret consacré à 8 émissions sur Schubert (Notes du traducteur sur France Musique), Philippe Cassard revient avec un enregistrement de son compositeur de prédilection, seul puis dans le répertoire à 4 mains, "la configuration de l'amitié musicale par excellence !" Complice de longue date, le pianiste franco-suisse Cédric Pescia sait traduire la Sehnsucht, cette mélancolie prégnante accolée à [...] tant d'oeuvres de Schubert. Il adopte, dans son phrasé, l'allure du marcheur qui traverse les paysages de Schubert avec une sonorité chantante et délicate. Cet album, réunissant quatre chefs-d'oeuvre de 1828, est une déclaration d'amour sans retenue à Schubert.
Voici deux grandes symphonies de Schubert. La huitième, inachevée, organise ses thèmes autour de splendides mélodies, parmi les plus illustres de l'histoire de la musique. Quelques musicologues ont bien tenté de compléter l'oeuvre (publiée seulement en 1867 !), mais les concerts et les disques la préfèrent sous sa forme première, en deux mouvements - certes courts - mais touchant vraiment au sublime. La Neuvième Symphonie dite "La Grande" connut une création posthume : c'est Mendelssohn qui dirigea sa première exécution [...] en 1839, soit plus de dix ans après la mort de Schubert. La force et l'ampleur de cette partition gigantesque lui assurent aisément sa place aux côtés de la Neuvième de Beethoven, tout en annonçant avec grand fracas le dernier compositeur romantique allemand, Anton Bruckner. Depuis plusieurs années, RCA enregistre systématiquement le répertoire de l'aîné des grands chefs d'orchestre en activité, Günter Wand. Ce dernier, malgré son grand âge, parvient à garder un contrôle presque arrogant de l'orchestre, des accents, des articulations, avec une hauteur de vue que l'on ne trouve plus que très rarement chez les musiciens. Wand impose une grande vision classique de ces deux chefs-d'oeuvre. --Pierre Massé