- BluesetteJones, Hank; Duvivier, Georges; Dawson, Alan
Description | 1 d.c. + livret |
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Contient | Blue and sentimental Milt's mood Blues in my heart Things ain't what they used to be Azure Down Saint James Infirmary |
Cote | Localisation | Statut |
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1.3 JONE 41 |
Editeur | Night & Day, 1998. |
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Indice | 1.341 |
EAN | BB9072 3448961090727 |
Centre d'intérêts | Be-bop et filiations |
Genre Opsys | Jazz Be-Bop |
Label | Black & Blue |
Médias
Hank Jones (de son vrai nom Henry « Hank » Jones) est un pianiste de jazz américain, né le à Vicksburg (Mississippi) et mort le à Calvary Hospital Hospice dans le quartier du Bronx de New York des suites d'une brève maladie[1].
Henry Jones est né le 31 juillet 1918 à Vicksburg dans l'État du Mississippi. Ses parents déménageront rapidement après sa naissance avec la perspective d'un nouveau travail dans l'État du Michigan et pour une maison plus spacieuse de 3 étages en brique rouge[2] avec la famille qui s'agrandit rapidement.
Hank Jones est le troisième enfant et premier fils d'une fratrie de six garçons et quatre filles, il avait deux sœurs aînées qui jouaient du piano : « Ma sœur aînée était une enfant prodige du piano dès l’âge de dix ans. Mais elle est morte dans un accident de patins à glace. Ça été un terrible drame pour nous tous[3] ». C'est aussi le frère d'Elvin Jones, batteur historique de John Coltrane, et du trompettiste et arrangeur Thad Jones.
Le père d'Hank est un ouvrier d'usine de voiture et est un membre très actif d'une communauté religieuse baptiste[4]. Sa mère eut fort à faire au foyer avec ses dix enfants à élever et à éduquer et chante régulièrement[2]. À la question « Tes parents écoutaient-ils beaucoup de musique à la maison ? » posé par Jean-Michel Reisser[5] « Beethoven » en août 2006, Hank Jones répondra[3] : « Oh oui. Mon père jouait de la guitare en amateur. Il aimait les gospels, le Blues et la musique religieuse. Il était très religieux. Nous avions des disques et j’écoutais tout ce que je pouvais : Duke Ellington, Fats Waller, Earl Hines, les big bands de Jimmie Lunceford, Benny Carter… et beaucoup de blues[6]. Mes parents ne vivaient pas dans le luxe mais ils s’en sortaient. J’ai commencé à prendre des leçons de piano vers mes dix-onze ans. »
Il passe sa jeunesse et grandit à Pontiac (Michigan) près de Détroit, où sa famille s'est installée. Comme ses dix frères et sœurs[4], il apprendra et étudiera le piano vers 10, 11 ans[3], avec une professeur pianiste et chanteuse. « De ce point de vue, comme la plupart des pianistes afro-américains, ma formation et mon apprentissage sont d'un classicisme absolu », dira-t-il dans une interview au Monde en juillet 2009. En effet, il n'apprend pas le jazz, mais « toute la base indispensable du piano plus la composition ». Grâce à son émérite professeur, il dit avoir « acquis une solide technique classique de l’instrument[3] ».
Il sera influencé par des pianistes comme Earl Hines, Teddy Wilson ou encore Art Tatum et surtout Fats Waller[3] qui faisait alors un programme radio hebdomadaire. C'est aussi cette époque que le jeune Hank vers 7 h 30 « avait les oreilles collées contre le poste de radio » familial pour écouter les larges diffusions d'enregistrements albums de Fats Waller. Les dimanches, lui et ses frères écoutent les retransmissions radio locales de l'orchestre The Detroit Symphony[2].
À 13 ans, en 1931[2], il commence déjà à jouer pour des bals et des stations de radio locales. Il était payé 30 cents le « gig ». Avec ça, il « s’achetait deux hamburgers. C’était rien mais je le faisais[3]. » Faits que son père, en qualité de diacre de communauté religieuse baptiste désapprouvait totalement[7].
À 15 ans, Hank Jones continue son aventure et commence à se produire dans des boîtes de jazz de Détroit[4].
Vers l'âge de 20 ans, autour de 1938, on le retrouve dans des salles et avec des orchestres locaux, aux alentours de Pontiac, sa ville natale, puis dans les États du Michigan et de l'Ohio et avec toujours des groupes locaux à Lansing puis Grand Rapids[2]. Il fait équipe avec le « Territory Band » de Benny Carew[3]. Là, il rencontre alors deux musiciens qui allaient devenir des géants du saxophone ténor Wardell Gray et Lucky Thompson[8] qui l'invite à New York, dans la 52e rue, en 1944 pour travailler à l'Onyx Club avec le trompettiste Hot Lips Page[9]. C'est un soir de cette année 1944, que débarque toujours à l'Onyx Club Ray Brown pour voir jouer Hank avec Hot Lips Page. À l'entracte, Dizzy Gillespie arriva et Jones lui présenta le jeune Ray Brown qu'il engage dès le lendemain pour répéter avec Charlie Parker, Bud Powell et Max Roach[3].
En 1943, à Buffalo, il tourne avec un trio original composé d'un saxophone ténor et d'un contrebassiste. Notre pianiste terminait chaque soir sa prestation vers 23 h 00. Il filait alors prestement à un autre club de jazz, le « McVan’s » où se produisait chaque soir jusqu'à 1 h 00 du matin son idole Art Tatum[3] : « Le regarder jouer ne suffisait pas car ses doigts allaient beaucoup trop vite. Il fallait écouter les harmonies. Ensuite, je commençais à déceler certaines choses. Après écoutes, je reconnaissais certains traits qu’il interprétait et pourquoi il les jouait de cette façon. C’est comme ça que j’ai pu comprendre un tout petit peu ses phrases, sa technique et ses interprétations surhumaines. Je m’essayais juste à côté de lui pour ne rien perdre de ce qu’il faisait ! C’était absolument incroyable ! Il jouait sans effort. Tout coulait d’office. Même encore aujourd’hui, quand je le réécoute, je ne peux toujours pas croire ce que j’entends. Un pur génie[10] ! »
Il se rapproche donc d'Art Tatum, mal-voyant et s'occupe de lui : « Je m’occupais souvent d’Art Tatum : j’allais le chercher chez lui (il vivait dans un hôtel) pour l’emmener au « Three Deuces[11] » car il ne pouvait pas se déplacer seul. »
Et, c'est à New York, qu'en 1944, il joue avec Andy Kirk[12] et découvre avec Coleman Hawkins, l'un des plus grands saxophonistes de l'époque[13], les musiciens bebop. Il est rapidement attiré par ce nouveau style au point de chercher lui-même à le maîtriser. Jones, en écoutant alors notamment les autres pianistes modernes comme Bud Powell, commence à s'adapter lui-même[2] aux mélodies et aux changements harmoniques qui caractériseront le bebop.
Appelé par John Kirby, Cousin Joe, Howard McGhee, Coleman Hawkins, Andy Kirk, et surtout Billy Eckstine en 1945[14], pour étoffer son le big band[15], il transforme son jeu en expérimentant la créativité ambiante[16] et devient une référence pianistique.
Depuis les nightclubs, les clubs de jazz jusqu'à la scène de Broadway, Jones accompagnera presque tous les artistes majeurs de la scène jazz[2] comme en atteste ce qui suit. C'est le début alors d'une grande et longue carrière professionnelle qui sera récompensée en 2008 d'une National Medal of Arts et en 2009 d'un Grammy Award.
Après toutes ces expériences entre 1944 et 1946 dans de nombreux d’orchestres et styles différents, Norman Granz l’appelle[17]. Il vient de fonder son premier label Clef Records. Norman Granz décide d'engager Hank et Ray pour ses « Jazz At The Philharmonic concerts » (JATP) et ils partent en tournées ensemble à l'automne 1947 : ce qui lui offre la possibilité de jouer avec Roy Eldridge, Charlie Parker, et Max Roach[2]. C'est ainsi qu'il enregistra un peu plus tard pour le label de Norman Granz avec Charlie Parker[18] plusieurs sessions en quartet avec Ray Brown à la contrebasse, Shelly Manne ou Buddy Rich à la batterie.
De 1947 à 1952, il devient toujours grâce Ray Brown[19] l'accompagnateur de Ella Fitzgerald[13].
Brown, en homme d’affaires avisé, suggéra à Norman Granz son trio et Ella pour étoffer ses JATP. Il s’occupera de toutes les négociations : contrats, interviews, voyages, etc. du groupe qui devient l'un des ensembles les mieux payés et qui voyagera pendant cinq années sur plusieurs continents, notamment en Grande-Bretagne en 1948 et en Europe en 1952[3]. Cette même année, Ray Brown divorcera d'Ella Fitzgerald au retour d'Europe et cela sonnera, pour Hank et Ray, le glas du trio qui l'accompagna si chaleureusement ces 5 dernières années. Norman Granz restera le manager d'Ella pour laquelle il créera Verve Records en 1955. Ray et Hank doivent se trouver un autre boulot…
Encore en 1952, il rejoint alors Artie Shaw et ensuite travaille avec Johnny Hodges, puis Tyree Glenn[14] Entre 1953 et 1956, il se sédentarise en renonçant aux tournées et signe avec Savoy Records qui lui offrit un « bon contrat[20] » pour devenir le pianiste attitré de ce label de disques. Avec Wendell Marshall (en) ou Paul Chambers à la contrebasse, Kenny Clarke ou Shadow Wilson à la batterie, ils constituaient la rythmique maison que l'on retrouve sur de nombreux albums produits par Onzie Cadena, grand et réel fan de jazz. Il joue avec Kenny Clarke pour enregistrer l'une des toutes premières sessions de Cal Tjader en leader de formation[21].
Hank Jones enregistre son premier album Opus De Funk avec Milt Jackson, Frank Wess, Kenny Clarke et le bassiste Eddie Jones. Ce fut un hit et reste un classique de l’époque[3].
Et c'est ainsi qu'en 1956[14], il rencontre Benny Goodman, leur collaboration s'étendra sur de nombreuses années jusqu'en 1973[7]. On le demande aussi pour enregistrer avec Lester Young, Milt Jackson, Cannonball Adderley et son Julian Cannonball Adderley, et Wes Montgomery.
Ce pianiste au toucher délicat et au phrasé impeccable devient alors un "sideman" très recherché durant les années 1950 et 1960[13].
Il forme ensuite, en 1956, avec Milt Hinton (contrebasse), Osie Johnson (batterie) et Barry Galbraith (guitare), un quartet appelé The New York Rhythm Section[22].
Un des albums qui a marqué le jazz à cette époque, c'est le fameux Somethin' Else avec Cannonball Adderley, Miles Davis, Sam Jones Art Blakey et bien sûr Hank Jones en 1958 dont l'idée revient à Alfred Lyon, le patron de « Blue Note »[3].
Hank Jones a rencontré alors comme il le reconnaîtra lui-même plus tard tous les plus grands : « Dizzy, Charlie Parker, Roy Eldridge, « Sweets » Edison, Buddy Rich, Shelly Manne, Jay Jay Johnson, Stan Getz, Lionel Hampton, Lester Young, Bill Harris (en), Benny Carter, Johnny Hodges, Gene Krupa, Buddy DeFranco, Clark Terry, Les Paul, etc.… Tous. ». Une chance extraordinaire dans une vie de musicien dont il est l'un des seuls à pouvoir en faire état.
Il rejoint en 1959 la chaîne CBS où il resta 17 ans, pour devenir le pianiste de leurs shows. Il auditionne et joue avec toutes sortes d'artistes (« chanteurs, danseurs, conteurs, comiques parfois ») et a même travaillé comme pianiste de fosse avec Ray Bloch[2] . Il enregistre aussi des jingles de programmes et des musiques de films. Avec le recul, il considère que ce fut pour lui une grande expérience car il a « encore appris énormément de choses, surtout à devenir un pianiste tout terrain, capable de jouer un maximum de choses avec tous ces gens totalement différents ».
Il participera aussi à un instant demeuré célèbre dans l'histoire de la présidence des États-Unis quand il accompagnera Marilyn Monroe[23] chantant Happy Birthday au président John F. Kennedy, qui venait d'avoir tout juste 45 ans, au cours d'une garden-party du mouvement démocrate organisée au Madison Square Garden en mai 1962[7] Ed Sullivan Show… Mais hélas pas le voir[7].
En 1975, la télé CBS se sépare de ses « musiciens maison ». Hank Jones revient sur le devant de la scène du jazz et on l’avait presque oublié…
Jones reprend de plus belle ses activités d'enregistrements, en tant que soliste, en duo avec d'autres pianistes (incluant John Lewis et Tommy Flanagan), ou encore avec différentes sortes de petites formations, la plus connue étant le Great Jazz Trio et dont la demande insistante japonaise en ait l'instigatrice en 1976[24].
C'est à cette époque qu'il développe une affinité naissante et nouvelle pour les claviers et pianos électriques[2].
Il recommence donc à écumer les clubs de jazz et part au Japon en 1976 pour participer à plusieurs festivals, et notamment celui de Concord Records, où il recevra un accueil chaleureux. Il enchaîne en 1977 sur des tournées européennes et sur l'enregistrement en trio d'un album avec Ray Brown et Jimmie Smith (en) pour le label Concord[3] : il y joue d'anciens standards d’une façon dite « actuelle » au piano électrique Fender Rhodes avec doigté. Cette même semaine, il enregistre aussi deux autres albums dont un avec le guitariste Tal Farlow qui revenait sur la scène après 10 ans d’absence.
The Great Jazz Trio ne s'est produit qu'une seule semaine[3] en live au club Village Vanguard de New York avec ses membres d'origine : Ron Carter[25] et Tony Williams, deux membres du quintette de Miles Davis des années 1960. Tous les albums produits ensuite seront des albums studio.
En 1978, il conduit et interprète la bande originale composée principalement autour de la musique de Thomas Fats Waller pour la comédie musicale de Broadway La Danseuse et le Milliardaire[2] dont le rôle principal est tenu par Irene Cara et qui sera récompensé par 4 Tony Awards dont celui de la meilleure musique.